CONTRE LES STRONGLES, ORGANISER LE PÂTURAGE

DANS L'ORNE, LES ÉLEVEURS ONT REÇU EN DÉCEMBRE ou janvier les résultats du dépistage des strongles gastro-intestinaux dans leur troupeau. Pratiquée depuis plusieurs années dans l'Orne, cette analyse a été faite début novembre par le GDS sur le lait de tank de l'ensemble de ses adhérents. Elle détermine le niveau d'anticorps anti-Ostertagia ostertagi, le parasite le plus répandu chez les bovins laitiers.

Cette analyse est une méthode simple et peu onéreuse pour surveiller le niveau d'infestation des cheptels et son éventuel impact sur la productivité. Bien que cet indicateur ne soit obtenu qu'à partir des vaches en lactation, il est un outil fiable pour évaluer l'exposition de l'ensemble du cheptel aux strongles gastro-intestinaux à la fin de la saison de pâturage.

Le résultat correspond à un taux d'anticorps et donne une photographie de la quantité de parasites que le troupeau ingère pendant toute la saison d'herbe. Il ne correspond pas à la quantité de parasites présents dans l'intestin lors de la réception du résultat car les bovins éliminent naturellement une grande partie des parasites. Cet indicateur regarde donc dans le rétroviseur pour mieux préparer l'avenir.

GÉNISSES : TRAITER À LA MISE À L'HERBE

Le traitement des génisses en première saison de pâturage est nécessaire car l'impact de ce parasite est considéré comme majeur durant cette période. Il provoque diarrhées et retards de croissance. Des études ont démontré que des fortes infestations entraînent aussi des pertes indirectes, moins visibles, sur l'ensemble du cheptel : baisse de production de lait, mauvaise fertilité, augmentation de la mortalité.

Le traitement préventif des génisses à la mise à l'herbe avec un antiparasitaire à action longue (bolus) permet de les aider à affronter un premier contact avec les parasites, tout en limitant la contamination des pâtures par les bouses. Cela doit être complété en fin de saison (au mois de novembre) par un traitement à action immédiate actif sur les larves enkystées dans l'intestin.

ANIMAUX PLUS ÂGÉS : ADAPTER LE TRAITEMENT

À partir de la deuxième saison de pâture, l'immunité aide le bovin à maîtriser ses parasites. L'antiparasitaire doit être raisonné, adapté au niveau d'infestation du troupeau après la saison de pâturage et au niveau de production souhaité. Le résultat de l'analyse du lait aide à définir la meilleure stratégie.

L'ANALYSE : COMMENT LA LIRE ?

Note égale ou inférieure à 0,7 : la charge parasitaire est faible, ce qui est rassurant. Les traitements systématiques sont inutiles, hormis pour les bovins en première saison de pâturage.

Note égale ou supérieure à 0,9 : les animaux sont soumis à une forte pression parasitaire. Ce résultat doit conduire à s'interroger, avec l'appui du vétérinaire, sur son mode de gestion du parasitisme.

- Préparer la saison de pâturage.

La lutte passe par la gestion du pâturage : faucher avant la mise à l'herbe, ne pas mélanger les vaches et les génisses, soit un maximum de 4 génisses ou 4 vaches/ha, un minimum de 3 parcelles dans la rotation, chacune étant pâturée au moins trois semaines. D'ici à la mise à l'herbe prochaine, cela peut obliger à réorganiser les parcelles pâturées par les vaches et par les génisses.

- Lutte avec un antiparasitaire.

Comme précédemment, traiter systématiquement les génisses en première saison de pâture avec un traitement complémentaire en novembre.

À partir de la deuxième saison de pâture, en fin de saison, un traitement à action immédiate actif sur les larves enkystées a un effet bénéfique, surtout pour les hautes productrices.

La maîtrise du parasitisme passe aussi par une alimentation équilibrée et l'absence de maladies dans le cheptel (IBR, BVD, paratuberculose, etc.)

Le suivi du taux d'anticorps dans les laits de tank sur plusieurs années permet de mesurer l'amélioration ou la dégradation de la situation.